Turbulences

Instantanés poétiques

Rongés par les regrets, Il leur était devenu impossible d’aimer. Aveuglés par le déni, les remords et les préjugés, Harcelés sans relâche par les démons du passé, Il leur faudrait pardonner pour retrouver leurs forces motrices, Et se libérer, enfin, du faux confort de leurs prisons factices.

Pardonner aux autres, se pardonner soi-même, pardonner.

Il est long le chemin de l’amour, il est étroit le sentier de la fraternité. Il est pourtant le seul qui vaille d’être emprunté

Tu as taillé des outils de pierre, Tu as franchi cols et rivières, Je marche dans tes pas.

Tu as fait du monde un jardin, Un oasis de paix et de prospérité, Je marche dans tes pas.

Tu as été de toutes les luttes, Pour l’égalité, la justice et le droit, Je marche dans tes pas.

Tu as créé, inventé et exploré, Ouvert des horizons à la beauté, Je marche dans tes pas.

Tu as ouvert le champ des possibles, Fais une place à toutes les diversités, Je marche dans tes pas.

Tu t’es ouvert à l’altérité, Tu as tissé des liens de solidarité, Je marche dans tes pas.

Tu as compris que les langages, Servent moins à parler qu’à écouter, Je marche dans tes pas.

Ton héritage est aujourd’hui menacé, Car ils n’ont pas compris les leçons du passé, Mais nous saurons nous mobiliser.

Car c’est désormais à nous, tes descendants, Juchés sur tes épaules de géant, Qu’il revient d’agir maintenant.

Piètres coureurs, incapables de voler, il a bien fallu nous défendre, nous protéger.

N’ayant ni griffes, ni carapace, ni dents acérées, nous avons fait le pari de la solidarité.

Nous avions peur. Il nous fallait, à la nuit tombée, trouver un refuge contre les prédateurs.

Alors que les uns dormaient, d’autres, à tour de rôle, veillaient en guetteurs.

A mesure que les liens se tissaient, ce contre quoi nous luttions devint moins le danger que nos propres peurs.

Nous avons inventé des histoires, gravé nos rêves sur les parois, appris à chanter, à danser. Nous avons fait communauté.

Nous avons regardé les oiseaux voler, nous avons levé les yeux vers les étoiles, nous avons appris à aimer.

Nous aurions pu en rester là, épris de simplicité. Hélas, c’est désormais de nos propres communautés que sont issus nos pires prédateurs.

Ceux là ont compris qu’il était facile, pour assoir leur pouvoir, de nous dresser les uns contre les autres, en attisant nos peurs.

À voir leurs déferlantes de succès, tétanisés, nous pourrions croire qu’ils ont la partie gagnée.

Pour autant, il nous reste des raisons d’espérer. Ils parlent de guerre, désirons la paix. Ils veulent nous diviser, faisons le pari de l’unité.

Et puis, la nuit venue, qui ne se rêve en oiseau, volant au dessus des nuées, plutôt que creusant des tranchées ?

N’avoir qu’une vie ? Non, ce n’est pas assez. Et puis, si on la rate, qu’est-ce qu’on fait ?

Deux alors ? Ou trois ? Sept, comme les chats ? Ou une infinité ?

Oui, c’est bien ça, Une infinité. Mais en même temps alors,

Parce qu’on n’a qu’une vie.

Je rêve parfois de déserts, De montagnes, De lointains rivages, D’étendues sauvages, De vastes paysages, D’ermitages.

Je rêve d’un monde en paix, Les voyages se feraient à pieds, Sur des chemins escarpés. Tu viendrais prendre le thé, Le trajet te prendrait tout l’été. Tout l’été.

Je rêve de moments intenses. Ensemble, nous ferions silence. On écouterait les papillons voler. Tu n’aurais plus envie de partir. Il nous resterait si peu à dire. Et tant à découvrir.

De ce qui fut jadis continents, Il ne reste plus que fragments. Des archipels, des îlots.

J’y aurais bâti des châteaux, Mais il faudrait des bateaux. Peut-être même des radeaux.

Pour relier les îles, Il nous faudrait des ailes. Ou alors, des passerelles.

Des ponts de corde, ou de pierre. Pour traverser l’amer. Et retrouver l’amour.

Je ne suis qu’un cantonnier. Je n’en tire ni gloire, ni fierté, C’est comme ça, c’est mon métier.

Je n’ai jamais rien inventé, Ni découvert la moindre vallée, Je n’ai fait qu’ouvrir des sentiers.

Débroussailler, déplacer quelques pierres, Ouvrir la voie, l’entretenir, été comme hiver, Le reste, c’est vous qui allez le faire.

Je suis de ceux-là, ces travailleurs invisibles, Dont le labeur, humblement, rend possible, Vos conquêtes, vos exploits, vos sursauts imprévisibles.

Enter your email to subscribe to updates.