Un autre moi
Cette nuit, j’ai rêvé d’un autre moi, meilleur.
À peine différent, changé de l’intérieur.
Écoutant plus, attentif, il ouvrait son cœur.
Et ça, rien que ça, rendait le monde meilleur.
Instantanés poétiques
Cette nuit, j’ai rêvé d’un autre moi, meilleur.
À peine différent, changé de l’intérieur.
Écoutant plus, attentif, il ouvrait son cœur.
Et ça, rien que ça, rendait le monde meilleur.
Te souviens-tu de la montagne cet été ? La lumière était belle, et ça nous suffisait. L’eau était fraîche et claire, et ça nous suffisait.
Au loin, on entendait les glaciers gronder. On ne savait pas si on devait s’en inquiéter. Soudain, un bruit sourd, un bloc qui se détachait.
Vite, trop vite, la montagne changeait, Et nous en étions les témoins sidérés. Mais il nous fallait partir, à regrets.
Je ne sais pas si un jour nous y reviendrons. J’espère bien que nous le pourrons. Mais est-ce que nous la reconnaîtrons ?
À travers les vitres crasseuses, D’un vieil Intercité aux sièges défoncés, Une invitation au voyage, une invitation à rêver.
Au loin, une ligne de crête, au delà, des horizons à explorer. Des souvenirs qui remontent, mais les ai-je seulement rêvés ? Je voudrais descendre du train, pour finir à pied.
J’ai envie d’user mes chaussures sur les rochers, De sentir sur mon visage le souffle de l’air frais, Rien n’est plus urgent, ici la lumière est belle à en crever.
Plus encore que l’or ou le diamant, La joie est un trésor inestimable. Elle est un sursaut, un jaillissement, Surgissant aux moments improbables.
Nul ne devrait jamais s’en excuser, Quand bien même les convenances l’exigeraient. Car plus qu’un héritage à préserver, Elle est l’étincelle de notre humanité.
Mais ce trésor, si précieux soit-il, Si puissant et pourtant si fragile, A la fois éphémère et indestructible, Reste à tant de nous un rêve inaccessible.
Je n’ai guère de talent pour décrire la laideur, Et ne trouve pas les mots pour parler de l’horreur, Je suis ici pour célébrer la beauté du monde, Mais, où que porte mon regard, elle s’estompe.
J’ai beau savoir que le silence n’est pas une réponse. La fureur, la haine et la souffrance me laissent sans voix. Creusant un vide au plus profond de moi, Elles ouvrent une abîme en laquelle tout sombre.
Je sais bien que l’indifférence serait le pire des refuges, Alors je me surprends à attendre le déluge. Car si nous n’avons pour éteindre le feu que nos larmes, Je voudrais qu’en trombes, elles couvrent le bruit des armes.
Je voudrais qu’elles emportent slogans et bannières, Comblant tunnels et tranchées, effaçant les frontières. Et qu’enfin, après avoir lavé le cœur des hommes les plus vils, Elles se mêlent aux cendres du vieux monde, en un limon fertile.
Je ne sais pas si j’ai dormi, Je ne me souviens pas d’avoir rêvé.
Le temps a passé, C’est tout ce que je sais.
Les heures, les minutes, j’aurais pu les égrener.
Ce matin, comme tant d’autres, Avant que le réveil n’ai sonné.
Ce matin, comme tant d’autres, Je me suis levé fatigué.
De tout ce qui fait monde, il est une fraction vivante.
De tout ce qui vit, il est une fraction sensible.
De tout ce qui est sensible, il est une fraction consciente.
Chacune, de la consciente jusqu’au tout, Liée, par une dépendance radicale, absolue, A celles qui, tout à la fois, l’englobent et la précèdent.
Reste une énigme : dans quelle fraction est né l’amour ?
Est-ce la conscience qui l’a rendu possible ? Ou l’inverse ?
Et cette autre : est-ce le soin qui précède l’amour, ou l’inverse ?
Ce sont des hommes qui me ressemblent ; Même couleur de peau, mêmes cheveux blancs. Nous vivons sur la même planète ; Mais pas dans le même monde.
Conquérants pour les uns ; Prédateurs pour les autres ; Ils ont promulgué des lois sur mesure ; Et n’ont pour morale que leur démesure.
Ils ont foré les entrailles de la terre ; Ils ont souillé jusqu’au fond des océan ; Et brûlé tout sur leur passage ; Du sol, jusqu’à la stratosphère.
Ils ont colonisé mers et continents ; Et visent maintenant l’espace. Ils ont colonisé vos désirs ; Et visent maintenant vos rêves.
Le présent ne leur suffit pas ; Ils programment votre avenir. S’il le faut, ils réécriront le passé. Craindraient-ils le jugement de l’histoire ?
Sûrs de leur force, pourquoi s’arrêteraient-ils ? Et si nous nous trompions, et s’ils étaient fragiles ? Et s’il suffisait d’un grain de sable, ou d’un poète ; Ou de vous pour, demain, les rendre obsolète ?
Du fond de la nuit, ces larmes, venues de loin,
Presque par effraction, elles m’ont fait du bien.
Comme un ami qui viendrait, me tendant la main,
Me murmurer : “Surtout, n’oublie pas d’être humain”.
Lesté de mes doutes, propulsé par mes rêves,
Sur les pas de celui que j’aurais voulu être,
Je parcours les routes, en une quête sans trêve,
Frôlant parfois mon bonheur, sans le reconnaître.