Turbulences

Instantanés poétiques

Du fond de la nuit, ces larmes, venues de loin,

Presque par effraction, elles m’ont fait du bien.

Comme un ami qui viendrait, me tendant la main,

Me murmurer : “Surtout, n’oublie pas d’être humain”.

Lesté de mes doutes, propulsé par mes rêves,

Sur les pas de celui que j’aurais voulu être,

Je parcours les routes, en une quête sans trêve,

Frôlant parfois mon bonheur, sans le reconnaître.

Je cherche la lumière, Mais je ne la trouve pas. Elle est partout pourtant, Je baigne littéralement dedans. Mais je ne la vois pas.

C’est comme si j’avais oublié. Oublié comment la regarder, Comment la laisser m’inonder, Comment m’en laisser imprégner, Comment m’en laisser traverser.

Alors je pense à cette araignée, Qu’un matin brumeux j’ai croisé. Dont la toile, gorgée de rosée, Se trouvait, par la lumière, sublimée, En un éphémère photophore improvisé.

L’atteindre presque. L’effleurer, un soir d’été ;

Savoir qu’on ne saura jamais, et l’accepter.

La raison cherche, quand le cœur, lui, le pressent ;

Cette quête sans fin et en soi un présent.

Dis moi, SNCF, y as-tu jamais pensé ? À tous ces poèmes, ces romans, ces essais, Auxquels tu as, à ta façon, contribué ? A la faveur de ces petits retards, de ces long trajets,

De ces moments suspendus où le temps s’étire sur voies ferrées… Le cerveau, soudain plus léger, célèbre à sa façon la liberté retrouvée. Alors les idées s’envolent, puis viennent se poser, Comme autant de papillons de papier.

Sois poli. Choisis tes mots avec soin. Respecte la ponctuation et la grammaire. Ce que tu veux dire le vaut bien.

Ris. Souris. Chante, si tu le sens ; Danse, si ça te chante.

Sème, plante ; Fleuri ton balcon ou ton jardin. Ne jette rien : Répare, partage, donne.

Tu as raison, c'est vrai, Ce n'est pas ça qui sauvera le monde. Qui serait assez fou pour le croire ? Mais sois certain d'une chose :

Chaque moment, chaque instant, Où nous cédons au renoncement ; Chaque espace, chaque fragment, Que nous concédons à la laideur ;

Est ce qui nous rapproche de la barbarie.

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Est-ce que vous m’entendez ?

Mise à jour de l’antivirus, veuillez patienter…

Et toi,

Veux tu bien être mon ami ?

Rongés par les regrets, Il leur était devenu impossible d’aimer. Aveuglés par le déni, les remords et les préjugés, Harcelés sans relâche par les démons du passé, Il leur faudrait pardonner pour retrouver leurs forces motrices, Et se libérer, enfin, du faux confort de leurs prisons factices.

Pardonner aux autres, se pardonner soi-même, pardonner.

Il est long le chemin de l’amour, il est étroit le sentier de la fraternité. Il est pourtant le seul qui vaille d’être emprunté

Tu as taillé des outils de pierre, Tu as franchi cols et rivières, Je marche dans tes pas.

Tu as fait du monde un jardin, Un oasis de paix et de prospérité, Je marche dans tes pas.

Tu as été de toutes les luttes, Pour l’égalité, la justice et le droit, Je marche dans tes pas.

Tu as créé, inventé et exploré, Ouvert des horizons à la beauté, Je marche dans tes pas.

Tu as ouvert le champ des possibles, Fais une place à toutes les diversités, Je marche dans tes pas.

Tu t’es ouvert à l’altérité, Tu as tissé des liens de solidarité, Je marche dans tes pas.

Tu as compris que les langages, Servent moins à parler qu’à écouter, Je marche dans tes pas.

Ton héritage est aujourd’hui menacé, Car ils n’ont pas compris les leçons du passé, Mais nous saurons nous mobiliser.

Car c’est désormais à nous, tes descendants, Juchés sur tes épaules de géant, Qu’il revient d’agir maintenant.

Piètres coureurs, incapables de voler, il a bien fallu nous défendre, nous protéger.

N’ayant ni griffes, ni carapace, ni dents acérées, nous avons fait le pari de la solidarité.

Nous avions peur. Il nous fallait, à la nuit tombée, trouver un refuge contre les prédateurs.

Alors que les uns dormaient, d’autres, à tour de rôle, veillaient en guetteurs.

A mesure que les liens se tissaient, ce contre quoi nous luttions devint moins le danger que nos propres peurs.

Nous avons inventé des histoires, gravé nos rêves sur les parois, appris à chanter, à danser. Nous avons fait communauté.

Nous avons regardé les oiseaux voler, nous avons levé les yeux vers les étoiles, nous avons appris à aimer.

Nous aurions pu en rester là, épris de simplicité. Hélas, c’est désormais de nos propres communautés que sont issus nos pires prédateurs.

Ceux là ont compris qu’il était facile, pour assoir leur pouvoir, de nous dresser les uns contre les autres, en attisant nos peurs.

À voir leurs déferlantes de succès, tétanisés, nous pourrions croire qu’ils ont la partie gagnée.

Pour autant, il nous reste des raisons d’espérer. Ils parlent de guerre, désirons la paix. Ils veulent nous diviser, faisons le pari de l’unité.

Et puis, la nuit venue, qui ne se rêve en oiseau, volant au dessus des nuées, plutôt que creusant des tranchées ?

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