Trombes
Je n’ai guère de talent pour décrire la laideur, Et ne trouve pas les mots pour parler de l’horreur, Je suis ici pour célébrer la beauté du monde, Mais, où que porte mon regard, elle s’estompe.
J’ai beau savoir que le silence n’est pas une réponse. La fureur, la haine et la souffrance me laissent sans voix. Creusant un vide au plus profond de moi, Elles ouvrent une abîme en laquelle tout sombre.
Je sais bien que l’indifférence serait le pire des refuges, Alors je me surprends à attendre le déluge. Car si nous n’avons pour éteindre le feu que nos larmes, Je voudrais qu’en trombes, elles couvrent le bruit des armes.
Je voudrais qu’elles emportent slogans et bannières, Comblant tunnels et tranchées, effaçant les frontières. Et qu’enfin, après avoir lavé le cœur des hommes les plus vils, Elles se mêlent aux cendres du vieux monde, en un limon fertile.