Piètres coureurs
Piètres coureurs, incapables de voler, il a bien fallu nous défendre, nous protéger.
N’ayant ni griffes, ni carapace, ni dents acérées, nous avons fait le pari de la solidarité.
Nous avions peur. Il nous fallait, à la nuit tombée, trouver un refuge contre les prédateurs.
Alors que les uns dormaient, d’autres, à tour de rôle, veillaient en guetteurs.
A mesure que les liens se tissaient, ce contre quoi nous luttions devint moins le danger que nos propres peurs.
Nous avons inventé des histoires, gravé nos rêves sur les parois, appris à chanter, à danser. Nous avons fait communauté.
Nous avons regardé les oiseaux voler, nous avons levé les yeux vers les étoiles, nous avons appris à aimer.
Nous aurions pu en rester là, épris de simplicité. Hélas, c’est désormais de nos propres communautés que sont issus nos pires prédateurs.
Ceux là ont compris qu’il était facile, pour assoir leur pouvoir, de nous dresser les uns contre les autres, en attisant nos peurs.
À voir leurs déferlantes de succès, tétanisés, nous pourrions croire qu’ils ont la partie gagnée.
Pour autant, il nous reste des raisons d’espérer. Ils parlent de guerre, désirons la paix. Ils veulent nous diviser, faisons le pari de l’unité.
Et puis, la nuit venue, qui ne se rêve en oiseau, volant au dessus des nuées, plutôt que creusant des tranchées ?